Les biais psychologiques qui sabotent la confiance de vos clients patrimoniaux – et comment les surmonter

par
Elsa Fauroux

Les biais psychologiques qui empêchent vos clients patrimoniaux de vous faire confiance en tant qu'expert de la finance.

Dans le monde de la finance, établir la confiance est essentiel, surtout lorsqu’il s’agit de clients patrimoniaux. Mais il y a un obstacle de taille que beaucoup d’experts sous-estiment : les biais psychologiques. Ces biais peuvent influencer vos clients à vous percevoir autrement, voire à se méfier de vos conseils, même si vous êtes un expert aguerri.

Comprendre ces biais, c’est la première étape pour mieux les contourner et bâtir une relation de confiance solide.

Le biais de confirmation : quand les croyances prennent le dessus sur les faits

Vous êtes là, face à un client patrimonial, prêt à lui exposer la meilleure stratégie d’investissement qu’il puisse imaginer. Vous avez fait vos devoirs, analysé le marché, pris en compte ses besoins spécifiques, et pourtant… il hoche la tête poliment, mais quelque chose ne passe pas.

Il semble résister, s’accrocher à ses idées. Vous ressentez ce mur invisible entre vous, et c’est frustrant. Bienvenue dans le monde du biais de confirmation.

🏹 Qu’est-ce que le biais de confirmation ?

Le biais de confirmation, c’est ce petit démon intérieur qui pousse vos clients à chercher, interpréter et même se souvenir des informations d’une manière qui confirme leurs croyances préexistantes. En gros, si un client pense que les investissements en actions sont trop risqués, il va filtrer inconsciemment toutes les informations que vous lui donnez pour ne retenir que celles qui renforcent cette peur, même si la réalité du marché dit le contraire.

🔎 Exemple concret :

Prenons Marc, un client patrimonial de 55 ans, qui a toujours préféré les obligations aux actions, persuadé que les actions sont un jeu de roulette russe. Vous, en tant qu’expert, avez identifié une opportunité d’investissement en actions qui correspond parfaitement à ses objectifs de retraite. Mais voilà, dès que vous commencez à parler d’actions, Marc se crispe. Il commence à citer des exemples d’amis qui ont perdu de l’argent en bourse, et ignore les faits que vous lui présentez sur la stabilité à long terme des marchés actions.

Marc est sous l’emprise du biais de confirmation. Il cherche inconsciemment des informations qui valident sa peur des actions et ignore tout le reste. Vous pourriez lui montrer des montagnes de données prouvant que, sur le long terme, les actions surpassent souvent les obligations en termes de rendement, mais cela ne changera rien tant que ce biais est en jeu.

╰┈➤Comment surmonter ce biais ?

Alors, comment faites-vous pour traverser ce mur invisible et faire passer votre message ?

1. Écoutez d’abord, conseillez ensuite : Avant de bombarder votre client de faits et de chiffres, prenez le temps d’écouter ses croyances et ses préoccupations. Posez-lui des questions pour comprendre d’où viennent ses idées. Est-ce d’une mauvaise expérience personnelle ? Des histoires racontées par ses proches ? Une vieille peur qui traîne ? Plus vous comprendrez ses croyances, plus vous pourrez les aborder de manière ciblée.

2. Utilisez le storytelling : Les faits et les chiffres sont essentiels, mais une bonne histoire peut parfois faire tomber les barrières du biais de confirmation. Racontez-lui l’histoire d’un client dans une situation similaire qui a surmonté sa peur des actions et a vu son patrimoine croître de manière significative. Les histoires ont un pouvoir émotionnel que les chiffres n’ont pas, et elles peuvent aider à changer des croyances profondément ancrées.

3. Inverser la perspective : Si Marc est convaincu que les actions sont risquées, commencez par valider cette inquiétude. Dites-lui, "Oui, il y a du risque dans les actions, c’est vrai." Puis, guidez-le doucement vers la compréhension que ne pas investir dans des actions peut aussi être risqué, surtout si on considère l’inflation ou les faibles rendements des obligations actuelles. En changeant la perspective, vous l’aidez à voir que chaque choix comporte des risques, et qu’il s’agit de choisir celui qui est le plus aligné avec ses objectifs.

4. Apportez des preuves concrètes : Parfois, le biais de confirmation peut être atténué par des preuves tangibles. Présentez des études de cas, des graphiques historiques, ou des témoignages d’autres clients qui ont suivi vos conseils avec succès. Plus vos preuves sont spécifiques et adaptées à sa situation, plus il sera difficile pour votre client d’ignorer la réalité.

5. Soyez patient et persévérant : Le biais de confirmation ne se démonte pas en une seule discussion. Il faut parfois plusieurs échanges, et une approche patiente pour faire évoluer les croyances d’un client. Restez cohérent dans vos messages et continuez à fournir des informations de qualité. Avec le temps, vous verrez peut-être ce mur invisible s’effriter.

"Les faits ne cessent pas d'exister parce qu'on les ignore." – Aldous Huxley. Une phrase à garder en tête, car même si vos clients ne voient pas tout de suite la valeur de vos conseils, les faits finiront par s’imposer d’eux-mêmes… avec un peu d’aide de votre part.

En comprenant et en surmontant le biais de confirmation, vous ne vous contentez pas d’être un bon conseiller financier. Vous devenez un véritable allié pour vos clients, quelqu’un qui les aide à voir au-delà de leurs peurs et à prendre des décisions vraiment éclairées pour leur avenir financier. Et croyez-moi, une fois que ce mur est tombé, la confiance qui en résulte est inébranlable.

L’effet Dunning-Kruger : le piège de la surestimation des connaissances

Imaginez ceci : vous êtes en pleine discussion avec un client qui, visiblement, pense tout savoir. Vous évoquez des stratégies d’investissement complexes, mais il vous coupe la parole, persuadé de déjà tout comprendre. Vous sentez qu’il y a un décalage, une sorte de déconnexion entre ce qu’il croit savoir et la réalité. C’est là que l’effet Dunning-Kruger entre en scène.

🏹 Qu’est-ce que l’effet Dunning-Kruger ?

L’effet Dunning-Kruger, c’est ce biais cognitif qui pousse certaines personnes à surestimer leurs compétences ou connaissances dans un domaine. En d’autres termes, moins quelqu’un en sait, plus il est convaincu d’en savoir beaucoup. Cela devient un véritable obstacle dans une relation de confiance entre vous et votre client, surtout dans un domaine aussi technique que la finance.

🔎 Exemple concret :

Prenons Sophie, une cliente patrimoniale qui a hérité d’un portefeuille d’actions. Elle a toujours suivi de près l’actualité économique et a investi par elle-même, avec quelques succès modestes. Lors de votre première rencontre, elle vous affirme qu’elle comprend parfaitement le fonctionnement des marchés boursiers et qu’elle n’a besoin que de "quelques conseils de base". Mais lorsque vous commencez à discuter de diversification de portefeuille ou de gestion des risques, elle vous interrompt, sûre d’elle, et vous dit que tout cela est inutile, car elle a "toujours tout fait toute seule".

Sophie est sous l’influence de l’effet Dunning-Kruger. Elle surestime ses connaissances parce qu’elle ignore ce qu’elle ne sait pas. C’est un piège courant chez les investisseurs amateurs, qui peut les amener à prendre des décisions imprudentes ou à rejeter des conseils avisés.

╰┈➤ Comment surmonter ce biais ?

1. Valoriser ses connaissances tout en ouvrant la porte à l’apprentissage : Plutôt que de contrarier Sophie en lui démontrant qu’elle se trompe, commencez par valider ses efforts. "Vous avez fait un excellent travail jusqu’ici, c’est vraiment impressionnant." Ensuite, ouvrez doucement la porte vers des concepts plus avancés : "Et si on explorait ensemble quelques stratégies supplémentaires pour renforcer encore plus votre portefeuille ?"

2. Utiliser des questions socratiques : Les questions socratiques sont un outil puissant pour amener quelqu’un à réfléchir plus profondément. Posez-lui des questions qui la poussent à examiner ses propres connaissances : "Comment gérez-vous le risque dans votre portefeuille actuel ?" ou "Quels sont les indicateurs économiques que vous suivez pour ajuster vos investissements ?" Ce type de question peut aider Sophie à réaliser qu’il y a peut-être des aspects qu’elle n’a pas encore pleinement maîtrisés.

3. Introduire des concepts complexes avec simplicité : L’un des défis de l’effet Dunning-Kruger est que vos clients ne voient pas toujours la nécessité d’en savoir plus. Pour contourner cela, introduisez des concepts complexes de manière simple et accessible. Par exemple, utilisez des métaphores ou des analogies pour expliquer des notions comme la corrélation d’actifs ou la gestion active vs. passive. "Investir dans des actions sans diversification, c’est un peu comme mettre tous ses œufs dans le même panier – un seul faux mouvement, et tout peut tomber."

4. Présenter des études de cas : Les histoires de réussite ou d’échec d’autres clients peuvent être des révélateurs puissants. Présentez des études de cas où d’autres investisseurs, tout aussi confiants qu’elle, ont bénéficié d’une diversification intelligente ou de la gestion active que vous proposez. Ces exemples concrets permettent souvent de faire tomber les barrières sans confrontation directe.

5. Encourager l’apprentissage continu : Positionnez-vous non pas comme un simple conseiller, mais comme un guide sur le long terme. Proposez des ressources supplémentaires, comme des lectures, des webinaires, ou des sessions de formation. "Vous avez déjà une bonne base, pourquoi ne pas approfondir vos connaissances avec ce rapport sur les tendances actuelles du marché ?"

En surmontant l’effet Dunning-Kruger, vous permettez à vos clients de s’ouvrir à de nouvelles perspectives et d’adopter des stratégies plus sophistiquées. Vous ne remettez pas en question leur intelligence, mais vous les accompagnez dans une montée en compétence.

Et une fois que vos clients commencent à réaliser tout ce qu’ils peuvent encore apprendre, vous devenez leur référent incontournable, celui en qui ils ont une confiance totale pour guider leur patrimoine vers de nouveaux horizons.

Le biais de l’aversion aux pertes : pourquoi la peur de perdre bloque la prise de décision

Imaginez-vous en train de proposer à un client une opportunité d’investissement que vous savez être solide, bien réfléchie, avec un potentiel de rendement très intéressant. Mais voilà, dès que vous mentionnez le mot "risque", vous voyez son visage se fermer. Il vous regarde, hésitant, et finit par dire qu’il préfère "jouer la sécurité" et ne rien changer. Vous venez de rencontrer un autre obstacle psychologique majeur : le biais de l’aversion aux pertes.

🏹 Qu’est-ce que le biais de l’aversion aux pertes ?

L’aversion aux pertes est ce biais psychologique qui pousse vos clients à craindre la perte plus qu’ils n’apprécient les gains. En d’autres termes, perdre 1000 euros leur fait plus mal que gagner 1000 euros ne leur fait plaisir. C’est un biais profondément ancré dans notre nature humaine, et il peut paralyser la prise de décision, même lorsque les faits sont en faveur du mouvement.

🔎 Exemple concret :

Prenons Paul, un client de 60 ans, avec un patrimoine bien établi, qui approche de la retraite. Vous lui proposez de rééquilibrer son portefeuille pour mieux aligner ses actifs avec ses nouveaux objectifs de retraite.

Mais dès que vous suggérez de vendre une partie de ses obligations pour investir dans un produit un peu plus dynamique, Paul panique.

Il se rappelle des pertes subies par ses amis pendant la crise financière de 2008 et refuse catégoriquement de faire le moindre changement, même si ses obligations actuelles ne génèrent presque plus de rendement.

Paul est sous l’emprise de l’aversion aux pertes. Il est tellement concentré sur le risque de perdre une partie de ce qu’il a accumulé qu’il oublie de considérer les risques liés à l’inaction, comme l’inflation ou la baisse de pouvoir d’achat en période de retraite.

Comment surmonter ce biais ?

1. Reformuler le risque : Plutôt que de parler de ce que Paul pourrait perdre, concentrez-vous sur ce qu’il pourrait ne pas gagner s’il ne prend pas de décision. "Paul, en restant uniquement sur des obligations, vous risquez de voir votre capital érodé par l’inflation. En diversifiant, vous protégez non seulement votre patrimoine, mais vous le faites croître pour assurer votre retraite." Reformuler ainsi permet de détourner l’attention de la perte potentielle et de la rediriger vers le gain potentiel.

2. Utiliser des scénarios de "pire cas" : Les clients averses aux pertes sont souvent rassurés par la clarté et la préparation. Montrez à Paul les scénarios de "pire cas" : "Même dans le pire des cas, avec cette stratégie, vous pourriez subir une baisse temporaire de X %, mais elle serait compensée par une remontée à moyen terme, comme le montrent ces précédents historiques." Cela montre à vos clients que vous avez envisagé toutes les possibilités et que les risques sont calculés.

3. Mettre l’accent sur la sécurité à long terme : Pour surmonter l’aversion aux pertes, il est crucial de repositionner la discussion sur la sécurité à long terme plutôt que sur les fluctuations à court terme. "Paul, cette stratégie est conçue pour vous assurer un revenu stable tout au long de votre retraite, même dans des conditions économiques difficiles."

4. Partager des témoignages : Les témoignages de clients qui ont surmonté leur peur et pris des décisions éclairées peuvent être puissants. Racontez l’histoire d’un autre client qui, comme Paul, hésitait, mais qui a pris le risque calculé et a vu son patrimoine prospérer. "Je me souviens d’un client dans une situation similaire qui avait peur de réajuster son portefeuille. Aujourd’hui, il est ravi d’avoir fait ce choix, car son capital a continué de croître même après la retraite."

5. Appliquer le principe de progressivité : Si le client est trop réticent à un changement radical, proposez-lui une approche progressive. "Nous pourrions commencer par réallouer une petite partie de vos obligations dans un actif plus dynamique, et observer les résultats. Cela vous permettrait de voir les bénéfices sans prendre de risques trop importants dès le départ."

En surmontant l’aversion aux pertes, vous aidez vos clients à voir au-delà de la peur immédiate et à prendre des décisions qui favorisent leur sécurité financière à long terme. Vous ne minimisez pas leurs craintes ; au contraire, vous les adressez directement, avec des faits, des histoires, et des stratégies qui leur montrent que vous avez pensé à tout. Et une fois que vous avez aidé un client à franchir ce cap, sa confiance en vous en tant qu’expert est inébranlable.

Les biais psychologiques comme le biais de confirmation, l’effet Dunning-Kruger, et l’aversion aux pertes sont des obstacles invisibles mais puissants qui peuvent éroder la confiance de vos clients patrimoniaux, même quand vous leur proposez les meilleures solutions possibles. 

Mais en comprenant ces biais et en adaptant votre approche, vous pouvez les surmonter et transformer ces obstacles en opportunités de renforcer la relation de confiance.


N’oubliez pas que le travail d’un expert en finance ne se limite pas à fournir des conseils techniques. Il s’agit aussi de comprendre la psychologie de vos clients, de les accompagner à travers leurs peurs et leurs préjugés, et de les aider à voir au-delà des illusions que leurs biais peuvent créer.


Si vous souhaitez approfondir ces réflexions et améliorer votre approche client, nos experts chez Digital Dandy sont là pour vous accompagner. Ensemble, nous pouvons créer une stratégie qui tient compte de ces biais psychologiques, afin que chaque interaction renforce la confiance et chaque décision soit prise en toute sérénité. 

Parce qu’au final, le plus grand succès, c’est un client qui sait qu’il est entre de bonnes mains. 🚀

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